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Assignment: Camus, “L’exil d’Hélène”, Partie B

Camus, “L’exil d’Hélène”, Partie B

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[paragraphe 1 – explication du vocabulaire]:

Voilà pourquoi il est indécent de proclamer aujourd’hui que nous sommes les fils de la Grèce. Ou alors nous en sommes les fils renégats. Plaçant l’histoire sur le trône de Dieu, nous marchons vers la théocratie, comme ceux que les Grecs appelaient Barbares et qu’ils ont combattus jusqu’à la mort dans les eaux de Salamine. Si l’on veut bien saisir notre différence, il faut s’adresser à celui de nos philosophes qui est le vrai rival de Platon. « Seule la ville moderne, ose écrire Hegel, offre a l’esprit le terrain où il peut prendre conscience de lui-même. » Nous vivons ainsi le temps des grandes villes. Délibérément, le monde a été amputé de ce qui fait sa permanence : la nature, la mer, la colline, la méditation des soirs. II n’y a plus de conscience que dans les rues, parce qu’il n’y a d’histoire que dans les rues, tel est le décret. Et à sa suite, nos œuvres les plus significatives témoignent du même parti pris. On cherche en vain les paysages dans la grande littérature européenne depuis Dostoïevski. L’histoire n’explique ni l’univers naturel qui était avant elle, ni la beauté qui est au-dessus d’elle. Elle a donc choisi de les ignorer. Alors que Platon contenait tout, le non-sens, la raison et le mythe, nos philosophes ne contiennent rien que le non-sens ou la raison, parce qu’ils ont fermé les yeux sur le reste. La taupe médite.


[paragraphe 1 – analyse de la composition]:

Voilà pourquoi il est indécent de proclamer aujourd’hui que nous sommes les fils de la Grèce. Ou alors nous en sommes les fils renégats. Plaçant l’histoire sur le trône de Dieu, nous marchons vers la théocratie, comme ceux que les Grecs appelaient Barbares et qu’ils ont combattus jusqu’à la mort dans les eaux de Salamine. Si l’on veut bien saisir notre différence, il faut s’adresser à celui de nos philosophes qui est le vrai rival de Platon. « Seule la ville moderne, ose écrire Hegel, offre a l’esprit le terrain où il peut prendre conscience de lui-même. » Nous vivons ainsi le temps des grandes villes. Délibérément, le monde a été amputé de ce qui fait sa permanence : la nature, la mer, la colline, la méditation des soirs. II n’y a plus de conscience que dans les rues, parce qu’il n’y a d’histoire que dans les rues, tel est le décret. Et à sa suite, nos œuvres les plus significatives témoignent du même parti pris. On cherche en vain les paysages dans la grande littérature européenne depuis Dostoïevski. L’histoire n’explique ni l’univers naturel qui était avant elle, ni la beauté qui est au-dessus d’elle. Elle a donc choisi de les ignorer. Alors que Platon contenait tout, le non-sens, la raison et le mythe, nos philosophes ne contiennent rien que le non-sens ou la raison, parce qu’ils ont fermé les yeux sur le reste. La taupe médite.


[paragraphes 2 et 3 – vocabulaire et composition]:

C’est le christianisme qui a commencé…
(…)

La nature est toujours là, pourtant….
(…)


[paragraphe 4 – vocabulaire]:

L’esprit historique et l’artiste veulent tous deux refaire le monde. Mais l’artiste, par une obligation de sa nature, connaît ses limites que l’esprit historique méconnaît. C’est pourquoi la fin de ce dernier est la tyrannie tandis que la passion du premier est la liberté. Tous ceux qui aujourd’hui luttent pour la liberté combattent en dernier lieu pour la beauté. Bien entendu, il ne s’agit pas de défendre la beauté pour elle-même. La beauté ne peut se passer de l’homme et nous ne donnerons à notre temps sa grandeur et sa sérénité qu’en le suivant dans son malheur. Plus jamais nous ne serons des solitaires. Mais il est non moins vrai que l’homme ne peut se passer de la beauté et c’est ce que notre époque fait mine de vouloir ignorer. Elle se raidit pour atteindre l’absolu et l’empire, elle veut transfigurer le monde avant de l’avoir épuisé, l’ordonner avant de l’avoir compris. Quoi qu’elle en dise, elle déserte ce monde. Ulysse peut choisir chez Calypso entre l’immortalité et la terre de la patrie. II choisit la terre, et la mort avec elle. Une si simple grandeur nous est aujourd’hui étrangère. D’autres diront que nous manquons d’humilité. Mais ce mot, à tout prendre, est ambigu. Pareils à ces bouffons de Dostoïevski qui se vantent de tout, montent aux étoiles et finissent par étaler leur honte dans le premier lieu public. Nous manquons seulement de la fierté de l’homme qui est fidélité à ses limites, amour clairvoyant de sa condition.


[paragraphe 4 – composition]:

L’esprit historique et l’artiste veulent tous deux refaire le monde. Mais l’artiste, par une obligation de sa nature, connaît ses limites que l’esprit historique méconnaît. C’est pourquoi la fin de ce dernier est la tyrannie tandis que la passion du premier est la liberté. Tous ceux qui aujourd’hui luttent pour la liberté combattent en dernier lieu pour la beauté. ne peut se passer de l’homme et nous ne donnerons à notre temps sa grandeur et sa sérénité qu’en le suivant dans son malheur. Plus jamais nous ne serons des solitaires. Mais il est non moins vrai que l’homme ne peut se passer de la beauté et c’est ce que notre époque fait mine de vouloir ignorer. Elle se raidit pour atteindre l’absolu et l’empire, elle veut transfigurer le monde avant de l’avoir épuisé, l’ordonner avant de l’avoir compris. Quoi qu’elle en dise, elle déserte ce monde. Ulysse peut choisir chez Calypso entre l’immortalité et la terre de la patrie. II choisit la terre, et la mort avec elle. Une si simple grandeur nous est aujourd’hui étrangère. D’autres diront que nous manquons d’humilité. Mais ce mot, à tout prendre, est ambigu. Pareils à ces bouffons de Dostoïevski qui se vantent de tout, montent aux étoiles et finissent par étaler leur honte dans le premier lieu public. Nous manquons seulement de la fierté de l’homme qui est fidélité à ses limites, amour clairvoyant de sa condition.


FIN

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