French 347

Assignment: Les mémoires du Cardinal de Retz

Les mémoires du Cardinal de Retz

 

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Les quatre premières années de la Régence furent comme emportées par ce mouvement de rapidité que M. le Cardinal de Richelieu avait donné à l’autorité royale. M. le Cardinal Mazarin, son disciple, et de plus né et nourri dans un pays où celle du Pape n’a point de bornes, crut que ce mouvement de rapidité était le naturel, et cetteméprise fut l’occasion de la guerre civile. Je dis l’occasion, car il en faut, à mon avis, rechercher et reprendre la cause de bien plus loin.

Il y a plus de douze cents ans que la France a des rois; mais ces rois n’ont pas toujours été absolus au point qu’ils le sont. Leur autorité n’a jamais été réglée, comme celle des rois d’Angleterre et d’Aragon, par les lois écrites. Elle a été seulement tempérée par des coutumes reçues, et comme mises en dépôt, au commencement dans les mains des États généraux et depuis dans celles des Parlements. Les enregistrements des traités faits entre les couronnes, et les vérifications des édits pour les levées d'argent sont des images presque effacées de ce sage milieu que nos pères avaient trouvé entre la licence des rois et le libertinage des peuples. Ce milieu a été considéré par les bons et sages princes comme un assaisonnement de leur pouvoir, très utile même pour le faire goûter aux sujets; il a été regardé par les malhabiles et les malintentionnés comme un obstacle à leurs dérèglements et à leurs caprices.

Les rois qui ont été sages et qui ont connu leurs véritables intérêts ont rendu les parlements dépositaires de leurs ordonnances, particulièrement pour se dégager d’une partie de l’envie et de la haine que l’exécution des plus saintes lois et même des plus nécessaires produit quelquefois. Ils n’ont pas cru s’abaisser en s’y liant eux-mêmes, semblables à Dieu, qui obéit toujours à ce qu’il a commandé une fois. Les ministres, qui sont presque toujours assez aveuglés par leur fortune, pour ne pas se contenter de ce que les ordonnances permettent, ne s’appliquent qu’à les renverser; et le Cardinal de Richelieu, plus qu’aucun autre, y a travaillé avec autant d’imprudence que d’application. (…)

Le Cardinal Mazarin était d’un caractère tout contraire [à Richelieu]. Sa naissance était basse et son enfance honteuse. Au sortir du Colisée, il apprit à piper, ce qui lui attira des coups de bâton d’un orfèvre de Rome appelé Moreto… La pourpre ne l’empêcha pas de demeurer valet sous Richelieu… La fortune l’ayant ébloui comme tous les autres, il s’érigea et on l’érigea en Richelieu; mais il n’en eut que l’impudence ou l’imitation. Il se fit de la honte de tout ce que l’autre s’était fait de l’honneur. Il se moqua de la religion. Il promit tout, parce qu’il ne voulut rien tenir. Il ne fut ni doux, ni cruel parce qu’il ne se ressouvenait ni des bienfaits, ni des injures… Il avait de l’esprit, de l’insinuation, de l’enjouement, des manières; mais le vilain cœur paraissait toujours au travers… Il porta le filoutage dans le ministère, ce qui n’est jamais vu jusqu’à lui.

FIN

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