Alain Mabanckou, Verre cassé (fragm)

Assignment: passage 3

disons que la colère du président-général des armées est montée de dix crans parce qu’it haïssait ces valets de l’impérialisme et du colonialisme comme on pouvait haïr les chiques, les punaises, les poux, les mites, et Ie président-général des armées a dit qu’on devait traquer ces félons, ces marionnettes, ces hypocrites, il les a carrément traités de tartuffes, de malades imaginaires, de misanthropes, de paysans parvenus, il a dit que la Revolution prolétarienne triomphera, que I’ennemi sera écrasé, qu’il sera repoussé d’où qu’il vienne, il a dit que Dieu était avec nous, que notre pays était éternel comme lui-même l’était, il a recommandé l’unité nationale, Ia fin des guerres tribaIes, il a dit que nous descendions tous d’un même ancêtre, et il a enfin abordé “L’Affaire Le Crédit a voyagé” qui divisait Ie pays, il a vanté l’initiative de L’Escargot entêté, il a promis de lui décerner Ia Légion d’honneur, et il a terminé son discours par les mots qu’il voulait a tout prix laisser à la posterité, on a su que c’étaient ces mots-Ià parce qu’il les a répétés a plusieurs reprises, ses bras ouverts comme s’il enlçait un séquoia, et il a répeté «je vous ai compris », sa formule aussi est devenue célèbre dans Ie pays, et c’est pour ça qu’ici, pour plaisanter, nous autres de la plèbe disons souvent que «Ie ministre accuse, Ie président comprend»

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