French 347

Assignment: Saint Thomas d’Aquin

Saint Thomas d’Aquin, Somme théologique, Partie I-II, question 40, article 3, “L’espoir existe-t-il chez les bêtes?”

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Objections:
1. Il semble que non, car l’espoir porte sur le bien à venir, dit Saint Jean Damascène. Or il n’appartient pas aux bêtes de connaître l’avenir, car elles n’ont que la connaissance sensible qui ne s’étend pas à l’avenir.
2. L’objet de l’espoir est le bien qu’il est possible d’atteindre. Or le possible et l’impossible sont des différences du vrai et du faux, “qui ne peuvent être que dans l’esprit”, selon Aristote. Les bêtes, n’ayant pas d’esprit ne peuvent donc espérer.
3. Saint Augustin écrit : “Les animaux se meuvent d’après ce qu’ils voient.” Or l’espoir ne porte pas sur ce qui se voit – “Car ce qu’on voit, comment ‘espérer?”, dit Saint Paul (Rm 8, 24). Les bêtes n’espèrent donc pas.

En sens contraire, l’espoir est une passion de l’irascible. Or l'irascible existe chez les bêtes; donc aussi l’espoir.

Réponse: Les passions intérieures des animaux peuvent se découvrir par leurs mouvements extérieurs. Ce sont eux qui manifestent l’existence de l’espoir chez les bêtes. En effet, si le chien voit un lièvre, ou l'épervier un oiseau, qui sont trop éloignés, ils ne font vers eux aucun mouvement, comme s’ils n’estimaient pas pouvoir les atteindre; mais si leur proie est à proximité, ils s’élancent, comme dans l’espoir de l’atteindre. Ainsi qu’on l’a dit plus haut, l’appétit sensible des bêtes dépourvues de raison, et, de même, l’appétit naturel des choses insensibles est consécutif à lappréhension faite par une intelligence, tout comme l’appétit de la nature intellectuelle, que l’on nomme volonté. La différence consiste en ce que la volonté entre en mouvement du fait d’une appréhension intellectuelle qui lui est contjointe, tandis que le mouvement de l’appétit naturel est consécutif à l’appréhension de l’intelligence séparée qui a créé la nature ; il en va de même pour l’appétit sensitif des bêtes, qui agissent aussi par une sorte d’instinct naturel. Aussi voyons-nous dans les actions des bêtes et des autres êtres de la nature un mode d’agir semblable aux oeuvres de l’art. C’est de cette manière qu’il y a espoir et désespoir chez les bêtes.

Solutions:
1. Bien que les bêtes ne connaissent pas le futur, cependant leur instinct les pousse vers quelque chose de futur comme si elles le voyaient d’avance. C’est que cet instinct a été mis en elles par l’intelligence divine, qui prévoit l’avenir.
2. L’objet de l’espoir n’est pas le possible en tant qu’il est une différence du vrai ; car c’est ainsi qu’on peut qualifier le rapport d’un
 prédicat à son sujet. L’objet de l’espoir est le possible considéré par rapport à une puissance. Ce sont deux sens de “possible” distingués par Aristote.
3. Bien que ce qui est futur ne tombe pas sous le regard, ce que l’animal voit présentement meut son appérit vers quelque réalité future, à poursuivre ou à éviter.

FIN

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