French 347

Assignment: Charles Loyseau, Le traité des ordres et simples dignités (1610)


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Il faut qu’il y ait de l’Ordre en toutes choses, et pour la bienséance, et pour la direction d’ icelles. Le monde même est ainsi appelé en latin, à cause de l’ornement et la grâce provenant de son admirable disposition: et en grec, “cosmos”, à cause de son bel Ordre et agencement; parce que le parfait ouvrier “l’a amené du désordre à l’ordre”, dit Platon en son Timée (…).

Les créatures inanimées y sont toutes placées selon leur haut ou bas degré de perfection: leurs temps et saisons sont certaines, leurs propriétés sont réglées, leurs effets sont assurés. Quant aux animées, les intelligences celestes ont leurs degrés hiérarchiques, qui sont immuables. Et pour les regards des hommes, qui sont ordonnés de Dieu, pour commander aux autres creatures animées de ce bas monde, bien que leur Ordre soit muable et sujet à vicissitude, à cause de la franchise et liberté particulière, que Dieu leur a données, au bien et au mal, si est-ce qu'ils ne peuvent subsister sans Ordre.

Car nous ne pouvons pas vivre en égalité de condition, ains il faut par nécessité, que les uns commandent, et les autres obéissent. Ceux qui commandent ont plusieurs degrés: les souverains Seigneurs commandent à tous ceux de leur État, adressant leur commandement aux grands, les grands aux médiocres, les médiocres aux petits, et les petits au peuple. Et le peuple qui obéit à tous ceux-là, est encore séparé en plusieurs Ordres et rangs, afin que sur chacun d’iceux il y ait des supérieurs, qui rendent raison de tout leur Ordre aux Magistrats , et les Magistrats aux Seigneurs souverains. Ainsi par le moyen de ces divisions et subdivisions multipliées, il se fait, de plusieurs Ordres un Ordre général, et de plusieurs États un État bien réglé, auquel il y a une bonne harmonie et consonance, et une correspondance et rapport du plus bas au plus haut: de sorte qu’enfin un nombre innombrable aboutit à son unité . (…)


Voilà quant à ceux qui commandent, et quant au peuple qui obéit, parce que c’est un corps à plusieurs têtes, on le devise par Ordres, états ou vacations particulières. Les uns sont dediés particulièrement au service de Dieu; les autres à conserver l’État par les armes; les autres à le nourrir et maintenir par les exercices de la paix. Ce sont nos trois Ordres ou États généraux de France, le clergé, la noblesse et le tiers État. Mais chacun de ces trois Ordres est encore subdivisé en degrés subordonnés, ou Ordres subalternes, à l’exemple de la hiérarchie céleste, dont traite saint Denis l’Aréopagite (…).

Les degrés ou Ordres subalternesdu clergé sont assez notoires, outre les quatre mineurs, et celuy de tonsure, il y a les Ordres sacrés de sousdiacre, diacre, prêtre, évêque, et enfin on a ajouté celui de cardinal, et si y a encore les divers Ordres des moines. Ceux de la noblesse sont la simple noblesse, la haute noblesse, et les princes. Finalement au tiers État, qui est le plus ample, il y a plusieurs Ordres: à savoir des gens de lettres, de finance, de marchandise, de métier, de labour et de bras: dont toutefois la plupart sont plutôt simples vacations que Ordres formés.


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