Comment faire un commentaire de texte ?

Le commentaire de texte, que l’on qualifie également d’« explication détaillée », est un exercice certes difficile mais aussi très enrichissant. En se confrontant au texte, en dialoguant avec le texte, on apprend à en apprécier toute la richesse mais aussi à développer un sens critique et des facultés analytiques menant vers une lecture pertinente, et parfois originale ou innovante.

ETAPES PRELIMINAIRES : UNE LECTURE ATTENTIVE ET ACTIVE DU TEXTE

‘”Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage”
~ Nicolas Boileau, L’Art poétique (1674)

I. Comprendre le sens général du texte
La première lecture est avant tout un travail de compréhension. C’est votre premier contact avec le texte qui vous permettra de saisir le sens général de l’extrait en question. Il est tout à fait normal de ne pas tout comprendre lors de la première lecture. Ne vous attardez pas sur les détails, ne bloquez pas sur certains mots. Lisez le texte en entier et réfléchissez au sens général du passage.

II. Comprendre les détails du texte
Une fois cette première lecture achevée, vous allez relire le texte mais cette fois-ci, vous chercherez les mots que vous ne comprenez pas (ou qui vous semblent ambigus ou bien singuliers) dans un dictionnaire français/français. N’hésitez pas à écrire les définitions sur une feuille ou dans les marges du texte. Elles pourraient vous être bien utiles plus tard…

III. Proposer votre propre hypothèse qui s’appuie sur les éléments du texte
Une bonne lecture ne peut se faire qu’un stylo à la main : lors de vos multiples lectures, vous allez annoter le texte, griffonner, surligner, entourer des mots, relier des parties avec des flèches… bref, vous allez prendre le texte comme s’il était une pâte à modeler, et vous allez vous amuser à lui donner des formes.

STRUCTURE D’UN COMMENTAIRE DE TEXTE

I. Introduction au texte à votre hypothèse (premier paragraphe)

1) Mention de l’oeuvre, son auteur et la date de publication
2) Annonce de l’hypothèse/l’argument qui détermine votre analyse du texte

II. Discussion des structures importantes et déterminantes pour votre engagement avec le texte

ANALYSER, et non décrire le texte.  Toutes vos observations doivent servir votre argumentation, qu’elles soient purement stylistiques ou plutôt d’ordre thématique. Attention à la paraphrase !

• • être structuré, logique et cohérent
  • étudier les particularités, voire les ambiguïtés, du texte

III. “The Big Picture” – Votre interprétation personnelle qui vient des structures (II) et l’importance du texte

• • Normalement, le texte s’explique : il n’y a pas besoin de dire “Je pense que…” ou “Je crois que…” – il vaut mieux expliquer ce que dit le texte. Certes, votre interprétation personnelle est importante, mais c’est quand même le texte qui vous influence, d’une manière ou d’une autre…
  • Fiez-vous aux éléments de la structure du texte qui importent sur votre engagement avec le texte.
  • Votre travail est conçu comme une démonstration par rapport au sujet que vous avez choisi. Par conséquent, il doit être objectif. Ce souci d’objectivité est très important également dans la pensée française. Plus vous êtes objectif, plus vous êtes démonstratif. N’oubliez pas cette phrase de Flaubert (l’auteur sur lequel je fais mes recherches) : « Plus vous serez personnel, plus vous serez faible ». Votre personnalité se voit partout sans être soulignée : dans votre plan, dans la façon dont vous progressez, dans les exemples que vous choisissez, etc., il est donc inutile d’être personnel. Pas de « je »:
    • – le « nous » (qu’on appelle nous de politesse car il correspond en fait à un je évité, pour être poli) ;
    • – les expressions impersonnelles avec « il » : il est important de, il convient de, il est nécessaire de, il s’agit de (n’oubliez pas, s’agir = impersonnel), il est évident que, etc.
    • – les expressions indéfinies avec « on » : on doit, on verra que, on remarquera que, on peut remarquer que, on constate que, etc.

IV. Conclusion(s) (1 paragraphe)

1) Brève récapitulation (sans pour autant répéter ce qui a déjà été dit dans l’introduction)
2) “Ouverture” (il s’agit ici de proposer une réflexion plus générale, soit en comparant l’extrait en question à une autre oeuvre, soit en le confrontant à une thématique plus générale ; bref, il s’agit de montrer en quoi cet extrait constitue une contribution majeure par rapport à un siècle/une thématique/un courant littéraire donnés…

*EXEMPLE*

Pour le poème “Demain, dès l’aube” voici un plan possible pour un commentaire :

1. Introduction (0.25 pages)
   – Victor Hugo, poète du 19e siècle. Il écrit le poème quelques années après la mort de sa fille.
   – Ce poème traite de la difficulté de vivre avec le deuil, une expérience qui reste toujours avec le poète.
2. Éléments importants de la structure du poème [qui valide ma lecture] (0.5-0.75 pages)
   – Les temps verbaux sont au présent et au futur
   – Le poème se construit autour d’un lexique qui évoque la tristesse et la souffrance : le dos courbé, les mains croisées, etc.
   – Les vers en alexandrin ne respectent pas les césures traditionnelles –> un rythme difficile
   – d’autres éléments importants du texte
3. Comment les éléments (Para. 2) contribuent à ma lecture et pourquoi (1-1.5 pages)
   – La concentration des mots qui implique (connotation) la souffrance, la douleur laisse comprendre que c’est un thème central du poème
   – Les temps verbaux souvent au futur suggère la durabilité de la souffrance du poète
   – La disruption du rythme poétique (vers 2, vers 11) montre aussi un effet du deuil dans la vie du poète – il est si triste que même ses vers en sont impactés.
4. Conclusions (0.25 pages )
   – Le poème “Demain, dès l’aube” exprime l’extrême souffrance et tristesse du poète non seulement par sa structure mais aussi dans son contenu, surtout par un lexique de la souffrance.
   – Ce poème nous invite à réfléchir davantage sur l’expérience de la mort de nos proches par une réflexion sur les conséquences à long-term de sa disparition ; aussi, ce poème nous aide aussi à comprendre que nous ne sommes pas seul/e/s dans la tristesse, que d’autres personnes, et poètes, ont vécu nos mêmes expériences.