French 321
Assignment: Marguerite de Navarre, Heptaméron (nouvelle 25)
[Page 253]:
Un jour qu’elle était à une noce, s’y trouva un bien grand prince qui, en me faisssant le conte, m’a défendu de le nommer. Si vous puis-je bien dire que c’était le plus beau et de la meilleur grâce qui ait été devant, ni qui, je crois, sera après lui en ce royaume.
[Page 254]:
Ne lui dissimula point que de long temps elle avait en son coeur l’amour dont il la priait, et qu’il ne se donnât point de peine pour la persuader à une chose où, par la seule vue, Amour l’avait fait consentir. Ayant ce jeune prince par la naïveté d’Amour ce qui méritait bien être acquis par le temps, mercia le dieu qui le favorisait et, depuis cette heure-là, pourchassa si bien son affaire qu’ils accordèrent ensemble le moyen comme ils se pourraient voir hors de la vue des autres.
[Pages 256-257]:
La soeur, qui entendit ces paroles, ne sut que croire car, nonobstant que son frère fût bien mondain, si savait-elle qu’il avait la conscience très bonne, la foi et amour de Dieu bien grande. Mais de chercher superstitions ni cérémonies autres qu’un bon chétien doit faire, ne l'en eût jamais soupçonné. Parquoi elle s’en vint à lui, et lui conta la bonne opinion que les religieux avaient de lui, dont il ne se put garder de rire avec un visage tel qu’elle, qui le connaissait comme son propre coeur, connut qu’il y avait quelque chose cachée sous sa dévotion. Et ne cessa jamais qu’il ne lui eût dit la vérité: ce qu’elle m’a fait mettre ici en écrit, afin que vous connaissiez, mesdames, qu’il n’y a malice d’avocat ni finesse de religieux (qui sont coutumiers de tromper tous autres) qu’Amour, en cas de nécessité, ne déçoive et fasse tromper par ceux mêmes qui n’ont autre expérience que de bien aimer. Et puisqu’Amour sait tromper les trompeurs, nous les autres, simples ignorantes, le devons bien craindre!
[Pages 257-258]:
depuis longtemps
il priait qu'elle veuille bien l'aimer
la force naturelle
remercia
poursuivi, veilla à
comment
sans que les autres les voient
bien que
attiré par les plaisirs du monde, du corps
cependant
ici, le pronom "le" remplace le prince
C'est pourquoi
tromperie
ruse
moine
accoutumés à