French 347

Assignment: Ambroise Paré

Ambroise Paré, Des animaux et de l’excellence de l’homme (1579)

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Chapitre XXII Comme l’homme est plus excellent et parfait que toutes les bêtes ensemble.

Maintenant nous viendrons à déduire la grande excellence de l’Homme, et que ce grand Dieu, facteur de l’univers, est grandement à admirer, qui n’a point attribué à l’Homme certaines commodités, comme il a fait aux animaux, sachant que la sapience lui pouvait rendre ce que la condition de Nature lui avait denié. Car encore qu’il vienne nu sur terre, et sans aucunes armes (ce qui n'advient aux bêtes, qui ont cornes, dents, ongles, griffes, poil, plume et écailles) il est pour son grand profit et avantage armé d'entendement, et vêtu de raison, non par dehors, mais par dedans: a mis sa défense, non au corps, mais en l’esprit: de sorte qu’il n’y a ni grandeur, ni forces des bêtes, ni la fermeté de leurs cornes, ni la grande masse de chair et d’os, de quoi ils sont composés, qui puisse empêcher qu’ils ne soient pas domptés, ou pris et assujettis sous la puissance et autorité de l’Homme. En lui se trouve religion, justice, prudence, piété, modestie, clémence, vaillance, hardiesse, foi, et telles vertus bien autres et différentes, qui ne sont trouvées aux Animaux, ce qui sera déclaré présentement.

Tout ce que nous avons écrit de la nature des bêtes, n’est pour donner matière aux Naturalistes, Epicuriens et Athées, qui sont sans Dieu, de conclure par ces raisons qu’il n’y a point de différence entre les hommes et les bêtes: mais pour montrer à l’homme qu’il n’a matière de se glorifier qu’en Dieu. Car quelque chose que nous ayons dite des bêtes et de l’homme, il n’y a point de comparaison de lui à elles. Car l’homme tout seul a en soi tout ce qui peut être excellent entre tous les autres animaux, et est plus parfait que nul d’eux. Car puisqu’il a été créé à l’image de Dieu, il n’est possible, quelque abolition qu’il ait en lui de cette image, qu’il n’y en soit demeuré quelque trait et rayon de la puissance, sagesse, et bonté de Dieu son créateur. Et jaçoit qu‘il soit une créature fort débile et faible, au prix de certains animaux, toutefois ils n’ont puissance ni force digne de se comparer à la sienne, si nous en voulons parler à la vérité. Car Dieu a imprimé en lui un tel caractère de sa puissance, qu’il n’y a nul de tous les autres animaux qui ne le craignent, et qui ne lui soient sujets et contraints de lui obéir. Et nonobstant qu‘il semble par les choses devant dites, que la raison ait été donnée à tous animaux, toutefois, comme dit Lactance, elle a été donnée seulement pour la conservation de leur vie corporelle, mais à l’homme pour vivre éternellement.

Et pource que cette raison est parfaite en l’Homme, elle est comme sapience et sagesse, qui le fait excellent en cela, qu’à lui seul est donné à entendre les choses divines: de laquelle chose Cicéron a eu vraie opinion, disant, qu’en tous les genres et espèces d’animaux il n’y en a aucun, excepté l’Homme, qui ait connaissance de Dieu. Et lui a donné par grande excellence Raison, et la Parole, et les Mains: et par ces trois prérogatives, l’a séparé des autres animaux, et doué d’une nature plus singulière que pas une des autres créatures.

Il a trouvé premièrement par raison les choses plus nécessaires. Il a imposé nom à toutes choses, inventé les lettres, dressé les arts mécaniques et libéraux, jusqu’à mesurer la terre et la mer, réduire par instruction la très ample masse du ciel, et la variété et distinction des astres, et l’entresuite des jours et nuits, mois et ans, continuellement renaissants, et l’observation du cours des Etoiles, et leur pouvoir qu’elles ont ici bas. Il a écrit les lois, et généralement forgé tous les intruments des arts. A rédigé par écrit les mémoires et spéculations des Philosophes, tellement que par ce moyen nous pouvons maintenant parler et discourir avec Platon, Aristote et autres anciens auteurs. (…) Or l’homme a le corps désarmé, et dépouvru d’armes, aussi a-t-il l’âme destituée d'arts: et en récompense de ce qu’il est nu et désarmé, il a le main, et en lieu que son âme n’a aucun art, il a la raison et parole: et de ces trois étant garni, il arme son corps, le couvrant, et remparant en toutes choses, et enrichit son âme de tous arts et sciences. (…)

Chapitre XXIV Comme Dieu s’est montré admirable en la création de l’Homme

Dieu s’est montré admirable et excellent en la création de l’Homme, et en sa providence autour d'iceluy. Car il ne l‘a manifestée si grande aux bêtes brutes, lesquelles il n’a créées sinon que pour servir l’homme. Nous pouvons bien estimer combien elle est plus grande autour des hommes, et quel soin il en a d’avantage, et de quels dons il les a doués plus que les bêtes brutes, vu qu’il les a créés les plus excellents de tous les animaux. Et comme son chef-d’oeuvre entre iceux, il a voulu faire reluire son image comme une image de sa majesté divine, incompréhensible à l’esprit humain. Parquoi il n’a pas été sans bonne cause appelé d’aucuns anciens, Petit monde, à raison qu’en iceluy, comme au grand monde, toutes choses reluisent, par la puissance, bonté et sagesse de Dieu. Dieu créant l’homme a fait un chef-d’oeuvre d’une plus excellente perfection que tout le reste, à cause des grâces qu’il lui a données. Quelques sages d’Egypte appellèrent l’homme Dieu terrestre, Animal divin et céleste, Messager des dieux, Seigneur des choses inférieures, familier des supérieures, et finalement Miracle de la Nature.

FIN

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