Saint-Amant, Le Melon (1631)

Saint-Amant, Le Melon (1631)

[vers 90-116]:
90] C’est un fruit du cru de ma Muse,
Un fruit en Parnasse élevé,
De l’eau d’Hippocrène abreuvé,
Mont, qui pour les Dieux seuls rapporte
D’excellents fruits de cette sorte,
95] Pour être proche du Soleil,
D’où leur vient ce goût nonpareil ;
Car·il ne serait pas croyabIe
Qu’un lieu commun, quoiqu’agréable,
Eût pu produire ainsi pour nous
100] Rien de si bon, ni de si doux.
Ô vive source de lumière !
Toi dont la route coutumière
Illumine tout I’Univers;
Phoebus, dieu des fruits, et des vers,
105] Qui tout vois, et qui tout embrasses,
lci, je te rends humbles grâces
D’un coeur d’ingratitude exempt
De nous avoir fait ce présent;
Et veux pour quelque récompense
110] Dire en ce lieu ce que je pense,
Et de ce MELON, et de toi
Suivant les signes que j’en vois.
Mais, que tandis, ô chère troupe,
Chacun laisse en repos Ia coupe,
115] Car ce que je vous vais chanter
Vaut bien qu’on daigne l’écouter.

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Claude le Lorrain
Claude le Lorrain

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