Corneille, Cinna (Acte V sc 3)

Corneille, Cinna, Acte V, scène 3[vers 1692-1714]:

[vers 1692-1714]:

AUGUSTE
En est-ce assez, O ciel ! et Ie sort, pour me nuire,
A-t-il quelqu’un des miens qu’il veuille encor séduire ?
1695] Qu’il joigne à ses efforts Ie secours des enfers :
Je suis maître de moi comme de l’univers ;
Je Ie suis, je veux l’être. Ô siècles, Ô mémoire,
Conservez à jamais ma dernière victoire !
Je triomphe aujourd’hui du plus juste courroux
1700] De qui Ie souvenir puisse aller jusqu’à vous.
Soyons amis, Cinna, c’est moi qui t’en convie :
Comme à mon ennemi je t’ai donné Ia vie,
Et malgré la fureur de ton Iâche destin,
Je te la donne encor comme à mon assassin.
1705] Commençons un combat qui montre par I’issue
Qui l’aura mieux de nous ou donnée ou reçue.
Tu trahis mes bienfaits, je les veux redoubler ;
Je t’en avais comblé, je t’en veux accabler :
Avec cette beauté que je t’avais donnée,
1710] Reçois Ie consulat pour la prochaine année.
Aime Cinna, ma fille, en cet iIlustre rang,
Préfères-en la pourpre à celle de mon sang;
Apprends sur mon exemple à vaincre ta colère :
Te rendant un époux, je te rends plus qu’un père.

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