La Fin de L’Hôte: Analyse pour préparer la composition
La Fin de “L’Hôte”–Analyse pour préparer Composition 2
La fin de “L’Hôte”
Daru inspecta les deux directions. Il n’y avait que le ciel à l’horizon, pas un homme ne se montrait. Il se tourna vers l’Arabe, qui le regardait sans comprendre. Daru lui tendit un paquet: “Prends, dit-il. Ce sont des dattes, du pain, du sucre. Tu peux tenir deux jours. Voilà mille francs aussi.” L’Arabe prit le paquet et l’argent, mais il gardait ses mains pleines à hauteur de la poitrine, comme s’il ne savait que faire de ce qu’on lui donnait. “Regarde maintenant, dit l’instituteur, et il lui montrait la direction de l’est, voilà la route de Tinguit. Tu as deux heures de marche. A Tinguit, il y a l’administration et la police. Ils t’attendent.” L’Arabe regardait vers l’est, retenant toujours contre lui le paquet et l’argent. Daru lui prit le bras et lui fit faire, sans douceur, un quart de tour vers le sud. Au pied de la hauteur où ils se trouvaient, on devinait un chemin à peine dessiné. “Ca, c’est la piste qui traverse le plateau. A un jour de marche d’ici, tu trouveras les pâturages et les premiers nomades. Ils t’accueilleront et t’arbiteront, selon leur loi.” L’Arabe s’était retourné maintenant versDaru et une sorte de panique se levait sur son visage: “Ecoute”, dit-il. Daru secoua la tête: “Non, tais-toi. Maintenant, je te laisse.” Il lui tourna le dos, fit deux grands pas dans la direction de l’école, regarda d’un air indécis l’Arabe immobile et repartit. Pendant quelques minutes, il n’entendit plus que son propre pas, sonore sur la terre froide, et il ne se détourna pas la tête. Au bout d’un moment, pourtant, il se retourna. L’Arabe était toujours là, au bord de la colline, les bras pendants maintenant, et il regardait l’instituteur. Daru sentit sa gorge se nouer. Mais il jura d’impatience, fit un grand signe, et repartit. Il était déjà loin quand il s’arrêta de nouveau et regarda. Il n’y avait plus personne sur la colline.
Daru hésita. Le soleil était maintenant assez haut dans le ciel et commençait à lui dévorer le front. L’instituteur revint sur ses pas, d’abord un peu incertain, puis avec décision. Quand il parvint à la petite colline, il ruisselait de sueur. Il la gravit à toute allure et s’arrêta, essoufflé, sur le sommet. Les champs de roche, au sud, se dessinaient nettement sur le ciel bleu, mais sur la plaine, à l’est, une buée de chaleur montait déjà. Et dans cette brume légère, Daru, le coeur serré, découvrit l’Arabe qui cheminait lentement sur la route de la prison.
Un peu plus tard, planté devant la fenêtre de la salle de classe, l’instituteur regarda sans la voir la jeune lumière bondir des hauteurs du ciel sur toute la surface du plateau. Derrière lui, sur le tableau noir, entre les méandres des fleuves français s’étalait, tracée à la craie par une main malhabile, l’inscription qu’il venait de lire: “Tu as livré notre frère. Tu paieras”. Daru regardait le ciel, le plateau et, au-delà, les terres invisibles qui s’étendaient jusqu’à la mer. Dans ce vaste pays qu’il avait tant aimé, il était seul.