Marguerite de Navarre, Heptaméron (nouvelle 25)
Marguerite de Navarre, Heptaméron (nouvelle 25)
[Pages 256-257]:
La soeur, qui entendit ces paroles, ne sut que croire car, nonobstant que son frère fût bien mondain, si savait-elle qu’il avait la conscience très bonne, la foi et amour de Dieu bien grande. Mais de chercher superstitions ni cérémonies autres qu’un bon chétien doit faire, ne l‘en eût jamais soupçonné. Parquoi elle s’en vint à lui, et lui conta la bonne opinion que les religieux avaient de lui, dont il ne se put garder de rire avec un visage tel qu’elle, qui le connaissait comme son propre coeur, connut qu’il y avait quelque chose cachée sous sa dévotion. Et ne cessa jamais qu’il ne lui eût dit la vérité: ce qu’elle m’a fait mettre ici en écrit, afin que vous connaissiez, mesdames, qu’il n’y a malice d’avocat ni finesse de religieux (qui sont coutumiers de tromper tous autres) qu’Amour, en cas de nécessité, ne déçoive et fasse tromper par ceux mêmes qui n’ont autre expérience que de bien aimer. Et puisqu’Amour sait tromper les trompeurs, nous les autres, simples ignorantes, le devons bien craindre!
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